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Journée d'études "Hegel et le libéralisme politique"

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J.-L. David, Le Serment du Jeu de paume (détail)

Le groupe de contact FNRS "Recherches sur la philosophie de Hegel" organise une journée d'études consacrée aux rapports entre hégélianisme et libéralisme politique.

Catégorie : conférence/cours/séminaire (spécialisé)
Date : 13/11/2024 09:30 - 13/11/2024 17:00
Lieu : Faculté de philosophie et lettres, L57 (5e étage)
Orateur(s) : Louis Carré, Chiara Collamati, Bernardo Ferro, Manuel Tangora, Sabina Tortorella
Organisateur(s) : Louis Carré

Argumentaire de la journée

À la faveur des révolutions (anglaise, américaine, française) qui se sont déclenchés dans l’hémisphère nord à la fin du XVIIIe siècle, le libéralisme politique s’est imposé comme une « idéologie globale » (I. Wallerstein), au point d’apparaître comme le quasi-synonyme de la modernité politique occidentale. En ses variantes multiples et diverses, le libéralisme politique a soulevé le problème inédit du « gouvernement de la liberté » (L. Jaume). Les réponses théoriques qu'il a tenté de lui apporter se sont souvent traduites en des dispositifs institutionnels bien précis. Parmi ces théorèmes libéraux fondateurs de la modernité politique : la reconnaissance de droits naturels réputés inaliénables face à l’autorité tendanciellement arbitraire de l’Etat (les Déclarations américaine et française), l’adhésion libre des individus au règne universel de la loi par l’entremise d’un contrat social (Locke, Kant), le « gouvernement représentatif » comme régime mixte alliant les bienfaits de la démocratie – la légitimité populaire – à ceux de l’aristocratie – le gouvernement des plus aptes – (Sieyès), la division et l’équilibre des pouvoirs (Montesquieu, les Fédéralistes), la séparation de la société et de l’Etat (Constant) …

De ces points de doctrine logés au cœur de la tradition libérale, on peut estimer que leur institutionnalisation court jusqu’à aujourd’hui, mais également que les tensions voire les contradictions qu’ils abritent restent elles aussi toujours saillantes. Comment fonder la légitimité politique sur un contrat qui demeure purement hypothétique ? Pourquoi avoir greffé à l’idée de souveraineté populaire le mécanisme de la représentation ? Dans quelle mesure le principe majoritaire s’avère-t-il compatible avec le respect de l’état de droit (rule of law) ? La séparation des sphères sociale et politique est-elle vouée à disparaître ou à se maintenir indéfiniment ? 

Au début du XIXe siècle, au moment où son appellation partisane se stabilise face aux deux idéologies adverses du conservatisme et du socialisme, Hegel a très tôt posé le diagnostic d’une « banqueroute » du libéralisme. Sa pensée demeure toutefois marquée du sceau de l’ambivalence à son égard. Admettant que la politique moderne est tout entière fondée sur l’idée d’un « règne effectué de la liberté », Hegel a formulé en parallèle l’une des plus pertinentes critiques à l’encontre d’une série de thèmes éminemment libéraux : les droits individuels réputés « abstraits », les dispositifs a-politisant du contrat social et de la représentation mandatrice, la division « mécanique » des pouvoirs, la « polarisation » de la séparation entre Etat et société ... Son héritage témoigne à sa manière de cette ambivalence, l’hégélianisme apparaissant tantôt comme inclassable sur le plan idéologique, tantôt comme relevant pêle-mêle (ou séparément) du libéralisme, du conservatisme et du socialisme.

Le but de cette journée d’études sera d’examiner à neuf et sous différents angles les rapports de Hegel au libéralisme politique. Elle partira du présupposé que la conceptualité politique libérale élaborée au cours de la modernité occidentale est susceptible de faire l’objet d’un travail « dialectique » de complexification et d’intrication, pointant ses contradictions majeures sans forcément appeler leur résolution finale. L’un des enjeux sera notamment de déterminer si la pensée hégéleinne incarne un approfondissement de la modernité libérale en son sens véritablement politique ou si, au contraire, elle ouvre une voie de sortie hors de sa matrice conceptuelle. D’autres thématiques et perspectives seront également privilégiées, comme par exemple les liens en soi peu évidents du libéralisme politique et du libéralisme économique, les relectures décoloniales et féministes de Hegel et de la tradition libérale, l’actualité de la critique hégélienne du libéralisme dans les débats contemporains en philosophie politique …

Programme

9h30 : Accueil des participant.es et mots d'introduction

9h45-10h45 : Bernardo Ferro (Université de Coimbra, IEF) : "Au-delà du libéralisme. Pour une lecture verticale des Grundlinien der Philosophie des Rechts"

11h-12h: Chiara Collamati (ULiège, MAP) - "Peut-on faire une constitution ? La critique du 'pouvoir du vouloir' et la transformation du concept de représentation politique"

12h-13h : Manuel Tangorra (KULeuven) : "Hegel et les bases illibérales du libéralisme"

- Pause déjeuner -

14h-15h : Louis Carré (FNRS/UNamur, centre Arcadie) : " 'Les membres fluides de l'Etat'. Hegel et la critique libérale de la souveraineté"

15h-16h : Sabina Tortorella (Université Paris 1, Nosophi) - "Citoyenneté et formes de résistance : l'obligation politique entre critique et refonte"

16h15-16h45 : Table ouverte et conclusions

Contact : Louis Carré - louis.carre@unamur.be
Plus d'info : https://arcadie.unamur.be/
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