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Lacan politique : Après-midi d’étude à l’occasion de l’accesion à l’éméritat d’Antoine Masson

Après-midi consacrée aux usages de Lacan dans le champ de la pensée politique. Cet événement organisé à l’occasion de l’accession à l’éméritat d’Antoine Masson, clinicien engagé au département de philosophie, sera suivi d'un drink en salle académique.

Catégorie : conférence/cours/séminaire (spécialisé)
Date : 18/09/2023 14:00 - 18/09/2023 18:00
Lieu : L11
Orateur(s) : Safatle V., Lippi S., Jungers J.-J., Carré L., Giet V.
Organisateur(s) : Vivien Giet

En 2003, la revue Cités, consacrait son 16e numéro à Lacan (sous-titré « Psychanalyse et politique »). Elle s’ouvrait sur le constat d’un travail inachevé pour penser Lacan et son apport au croisement de la clinique et de la politique. L’éditorial repartait de ce point fondamental, à savoir : l’inconscient n’est pas une question privée mais transindividuelle. Lacan : « L’inconscient, c’est la politique[1] ». En réalité, cette idée a été incontournable dans la vie intellectuelle en particulier en son moment (post)structuraliste. Citons pèle-mèle Althusser, Foucault, Derrida, Guattari, Deleuze, Balibar, Badiou, Žižek, Jameson, Butler,… Pour ou contre Lacan – mais toujours avec d’une certaine façon –, ces penseurs ont pris acte du « discours de l’Autre », cherchant à saisir l’éthique et la politique après le sujet (compris avant comme identité de soi à soi), insistant sur la matérialité du langage et le pouvoir des énoncés (tous motérialistes). Ce moment est-il passé ? Force est de constater que vingt ans après la publication de ce Lacan. Psychanalyse et politique, et malgré la popularité des auteurs qu’on a pu citer, ce travail n’est pas beaucoup plus avancé.

C’est d’autant plus dommageable qu’on assiste à une large « psychologisation » des champs politiques, militants et esthétiques. Peut-être ce mouvement est-il symptomatique de la désorientation générale vécue dans l’anthropocène[2]? Et qu’attendre dès lors de la clinique (lacanienne) dans cette situation ? Elle n’a sans doute pas pour tâche de retrouver un sens perdu, de réarticuler le discours du maître. C’est qu’on n’oubliera pas la bonne nouvelle qu’annonçait Deleuze dans Logique du sens : « [le sens] n'est pas à découvrir, à restaurer ni à re-employer, il est à produire par de nouvelles machineries[3] ». À la suite de quoi, si l’on travaille avec et à partir de Lacan, c’est pour faire la critique des effets du capitalisme néolibéral sur les subjectivités et leur rapport à la jouissance[4] (leur devenir fascistes[5], concurrentielles[6], prédatrices, angoissées, ressentimentales), pour ouvrir un mince espace où ménager d’autres rapports à l’autre et au monde et s’interroger dans la foulée sur les institutions de soin et leurs pratiques. Cette après-midi d’études sera donc l’occasion d’un « retour à » Lacan, dont l’objet est d’examiner son héritage dans la pensée politique, mais aussi et surtout de faire voir son actualité.



[1] Lacan J., Séminaire XIV, La logique du fantasme, 1966-67. Voir le commentaire de Miller J.-A. dans Orientation lacanienne III, 4 - Cours n°17, 15/05/2002.

[2] Stiegler B., Dans la disruption. Comment ne pas devenir fou ?, Paris, Les liens qui libèrent, 2016.

[3] Deleuze G., Logique du sens, Paris, Minuit, 1969, p. 89-90.

[4] Voir Lacan, J., « De la plus-value au plus-de-jouir », Cités, vol. 16, no. 4, 2003, p. 129-142.

[5] Safatle V., « XVI. État suicidaire, fascisme et les problèmes de l’usage politique de la pulsion de mort », dans David-Ménard M., Pulsion de mort. Destruction et créations, Hermann, 2023, p. 259-274.

[6] Sur la reprise de Lacan pour penser le « néo-sujet » voir Dardot P., Laval C., La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale, Paris, La Découverte, 2009.

 

Contact : Vivien Giet - +32 (0)81 72 40 94 - vivien.giet@unamur.be
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