Temps-paysage. Pour une écologie des crises
Dans le cadre du séminaire "Les temps de l'Anthropocène" (ESPHIN/Centre Arcadie/Département de philosophie)
Date : 05/05/2023 14:00 - 05/05/2023 17:00
Lieu : UNamur, Faculté de philosophie et lettres, Salle L30
Orateur(s) : Bernadette Bensaude-Vincent (professeur émérite Paris 1), Astrid Modera (UNamur), Paul Guillibert (UNamur) et Nathanaël Laurent (UNamur)
Organisateur(s) : ESPHIN et le Centre Arcadie
Séminaire en présence de Bernadette Bensaude-Vincent (professeur émérite Paris 1) autour de son ouvrage Temps-paysage. Pour une écologie des crises (2021). Bernadette Bensaude-Vincent sera interrogée par trois chercheurs de l'Institut ESPHIN : Astrid Modera, Paul Guillibert et Nathanaël Laurent.
Ouvert à toutes et à tous.
Bernadette Bensaude-Vincent, philosophe et historienne des sciences, est professeur émérite à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est notamment l'autrice de Philosophie de la chimie (De Boeck, 2019), Carbone. Ses vies, ses oeuvres (Seuil, 2018) et L'Opinion publique et la science (La Découverte, 2013).
Temps-paysage. Pour une écologie des crises - Présentation : Qu'il tende vers le progrès ou vers l'effondrement, nous voyons le temps sous la forme d'une flèche, et nous le supposons donc unique et linéaire, maîtrisé, dominé, comme vu de dehors, c'est-à-dire de nulle part. Or, la crise du climat nous oblige à abandonner cette position d'extra-territorialité : de multiples temporalités y entrent en jeu - les temps cosmologique, géologique, biologique, histo-rique, social et vécu -, qui rendent caduc le primat du temps chronologique, lequel semble les aligner sur les barreaux d'une même échelle. Dans cet essai, Bernadette Bensaude-Vincent nous invite à sortir du cadre temporel de la modernité occidentale pour porter attention à la diversité des temps propres aux vivants et aux choses qui font monde avec nous - jusqu'aux virus, aux plastiques ou aux déchets nucléaires. En s'inspirant de la pensée chinoise classique aussi bien que de l'écologie du paysage, elle met au jour une hétérogénéité de trajectoires temporelles qui cohabitent, interfèrent et s'entremêlent. Par là, elle ne nous apprend rien de moins qu'à composer des « temps-paysages », c'est-à-dire à replonger les actions humaines dans les cycles multiples qui régissent l'histoire de la Terre, articulant le temps qui passe avec le temps qu'il fait.
Le séminaire "Les temps de l'Anthropocène" est organisé dans le cadre du PDR FNRS « Ce que l’Anthropocène fait au temps. Recherche philosophique sur les historicités et récits de la crise environnementale ». Ce projet vise à interroger la crise écologique à partir de la nouvelle expérience du temps qu’elle produit et des transformations qu’elle provoque dans notre conception philosophique de l’histoire. L’Anthropocène vient en effet bouleverser la philosophie de l’histoire qui fondait la modernité : celle d’un temps orienté vers l’avenir et structuré par un progrès nécessaire de l’humanité. Contre cette vision linéaire et déterministe du temps historique, la possibilité d’un « monde sans nous » ouverte par l’Anthropocène introduit une rupture dans la course au progrès dont il s’agit de tirer toutes les conséquences. D’une part, en proposant une analyse critique des « grands récits » de l’Anthropocène qui continuent de se construire sur une conception classique de la temporalité, aussi bien dans ses versions optimistes que dans ses versions catastrophistes : un temps continu marqué par la nécessité du cours historique. D’autre part, en prenant acte de la complexification du temps historique qui a lieu dans l’Anthropocène et que le concept de « présent épais » doit nous permettre de saisir en introduisant de la discontinuité et de la contingence dans la marche de l’histoire. Enfin, en réfléchissant à la manière dont des utopies concrètes peuvent nous aider à penser et à agir à l’heure de la crise écologique, non pas en dessinant un avenir idéal, mais en travaillant de l’intérieur le présent de l’Anthropocène. Ces trois axes de recherche se proposent ainsi de prolonger les réflexions sur l’histoire et la critique de l’idée de progrès que Walter Benjamin avait menées en son temps et qui, en les confrontant aux réflexions contemporaines sur l’Anthropocène, peuvent s’avérer encore utiles pour nous orienter philosophiquement dans l’époque actuelle.
Contact :
Jean-Baptiste Vuillerod
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081 724089
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jean-baptiste.vuillerod@unamur.be
Plus d'info :
https://arcadie.unamur.be
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