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Défense de thèse de doctorat en Sciences géographiques - Elisabeth HENRIET

Quelle est la place des émotions dans la recherche sur la (non-)migration climatique?

Catégorie : défense de thèse
Date : 06/12/2021 16:00 - 06/12/2021 19:00
Lieu : S01
Orateur(s) : Elisabeth HENRIET
Organisateur(s) : Sabine HENRY

Jury

  • Prof. Nathalie BURNAY (département de sciences politiques, sociales et de la communication, UNamur), Présidente
  • Prof. Sabine HENRY (département de géographie, UNamur), Promotrice et Secrétaire
  • Prof. Sébastien DUJARDIN (département de géographie, UNamur)
  • Prof. Grace CRUZ (Population Institute, University of The Philippines)
  • Dr. Maria MANCILLA GARCIA (ULB)

Résumé

Un défi pour les chercheurs en migration climatique est d’éviter la simplification excessive des canaux complexes par lesquels la migration est liée ou non au changement climatique. Une source de complexité réside dans la subjectivité des individus dans leur perception de leur environnement affectant la décision de partir. Cependant, les approches actuelles n’abordent que partiellement la question de la subjectivité des migrants (potentiels ou effectifs), en laissant de côté les émotions. En fait, la recherche actuelle dans le domaine de la migration climatique est élaborée sur des méthodologies qui placent les émotions dans l’angle mort. En particulier, les données récoltées pour la recherche du lien migration-changement climatique sont soit des données quantitatives spatio-temporelles de l’environnement, soit la description rationnelle par les individus de certains impacts liés au climat sur leur vie et leurs conditions de vie. Les interactions entre les expériences émotionnelles des gens et le changement climatique sont, sans surprise, au mieux négligées, voire totalement ignorées.

En réponse, cette thèse explore la place des émotions dans la recherche sur la (non-)migration climatique en remettant en question les approches classiques de collecte de données et en proposant une alternative. Un jeu de société a été développé et joué dans 61 ménages aux Philippines trois ans après que le pays ait été frappé par le super typhon Haiyan, un événement reflétant les conditions futures attendues avec le changement climatique. En suivant ses règles simples, les répondants ont été amenés à formuler et à partager à la fois des niveaux d’émotion et des explications sur des associations émotion-environnement. De plus, le jeu était motivant et changeait le statut de participation, les chercheurs jouant avec les répondants dans un contexte de pouvoir inversé. Sa structure interactive particulière a également amélioré la qualité des données produites en réduisant les attentes ainsi que les obstacles culturels et de traduction rencontrés sur le terrain.

L’analyse des données a révélé des expériences émotionnelles majoritairement positives des lieux et dans des lieux, entremêlant facettes tangibles et intangibles de la relation personne-environnement. Pouvant être décrites comme des « expériences émotionnelles basées dans les lieux », les données ont révélé les différents rôles joués par les caractéristiques tangibles de l’environnement et le typhon dans la formation des expériences émotionnelles des et dans les lieux. Dans la mesure où elles fournissent une compréhension approfondie et nuancée des relations des individus avec leurs lieux de vie, les « expériences émotionnelles basées dans les lieux » peuvent contribuer à expliquer pourquoi les gens décident (ou non) de partir. Bien qu’elle permette de réserver une place aux émotions dans la recherche sur la (non-)migration climatique, cette façon d’expliquer la décision de (ne pas) migrer remet toutefois en question son cadre de recherche actuel, en renversant l’accent traditionnel sur les changements physiques réels et perçus par rapport aux relations locales entre les personnes et leurs lieux de vie.

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