Climat : le doute n’est plus permis !
Dans le cadre du cours de "Droit de l'environnement et du développement durable" du Professeur Xavier Thunis (Faculté de Droit), le Professeur Laurent Houssiau (Département de Physique) a enregistré une capsule vidéo sur la réalité du changement climatique. Graphiques, données scientifiques et chiffres à l’appui, il nous explique qu’une issue positive pour l’humanité implique un changement radical de nos habitudes.
Dans son discours à l’ONU le 23 septembre 2019, Greta Thunberg a dit : « Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos mots vides. Et cependant, je fais partie des chanceux. Des gens souffrent. Des gens meurent. Des écosystèmes entiers sont en train de s’effondrer. Nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce que vous savez faire, c’est parler d’argent et de contes de fées sur l’éternelle croissance économique. Comment osez-vous ? » Ces mots durs sont malheureusement le reflet de la réalité et des conséquences du changement climatique.
Laurent Houssiau nous explique que cette réalité repose sur trois grandes certitudes scientifiques :
1. Le climat se réchauffe
Oui, le climat se réchauffe et il se réchauffe vite. En images, Laurent Houssiau nous montre quelques exemples de catastrophes climatiques : un cyclone qui a dévasté le Mozambique, un lac asséché en Inde, les inondations à Venise, les incendies de forêt en Californie et en Australie ou encore une succession de 3 ouragans qui viennent frapper le golfe du Mexique. Ce type de catastrophes a toujours existé mais jamais à une telle fréquence.
Autre exemple, la météo du 25 juillet 2019 en Belgique : 41.8°C. Le record précédent (38,8°C en 2018) était déjà un record tout à fait exceptionnel, pulvérisé juste un an après, alors que des températures semblables n’étaient pas envisagées avant 2040. La canicule du mois d’août 2020 a par ailleurs fait 1500 morts rien qu’en Belgique. Le podium des 3 années les plus chaudes : 2016 et 2020, ex aequo (+1,02°C), puis 2019. La courbe de l’évolution de la température moyenne de la Terre depuis 1880 montre une augmentation d’environ +1°C. 1°C, cela ne parait pas énorme, mais il s’agit d’une moyenne annuelle à l’échelle de la planète. Sur les continents, l’augmentation dépasse +2°C et même +3°C dans les régions polaires.
Outre la hausse des températures, le réchauffement climatique provoque aussi la hausse du niveau des mers qui actuellement et en moyenne, est 25 cm plus haut qu’en 1880. Cela signifie qu’à certains endroits, c’est 1 m (!), ce qui peut provoquer de grosses catastrophes lorsque les éléments se déchainent. Les deux raisons de cette hausse du niveau des mers sont la fonte des glaces continentales (Antarctique ou Groenland) et la dilatation des océans (plus chaud signifie plus de volume). A titre d’exemple, l’Arctique a perdu 3 millions de km² de glaces en 20 ans. Cette superficie représente 100 fois la Belgique.
2. Le réchauffement climatique est dû à une augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère
Comment un gaz totalement incolore, inodore, inerte, sans nocivité, dilué à 0,04% dans l’atmosphère, peut-il bouleverser notre climat ?
Les gaz à effet de serre, principalement la vapeur d’eau et le CO2, ne sont pas en soi dangereux pour la planète. Au contraire, ils sont indispensables et c’est grâce à eux que la vie existe sur notre planète. S’il n’y avait pas de gaz à effet de serre autour de la Terre, sa température moyenne serait de -18°C, ce qui empêcherait la vie d’y exister.
Les gaz à effet de serre sont connus depuis longtemps. Le bilan thermique de la Terre est neutre en principe, mais avec l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, il est déséquilibré. Déjà en 1896, le chimiste suédois Svante Arrhenius (prix Nobel de chimie en 1903), a prouvé l’influence du CO2 sur la température au sol. Il avait calculé à l’époque que si la quantité de CO2 dans l’atmosphère doublait, la planète se réchaufferait de 5°C. Et malheureusement, il avait raison…
3. L’humanité est responsable de l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère
Il y a toujours eu du CO2 dans l’atmosphère. Il participe notamment à la respiration et à la photosynthèse. La concentration en CO2 dans l’atmosphère était constante jusqu’à la révolution industrielle de 1840. L’homme a alors puisé massivement dans les énergies fossiles et, en les brûlant, a produit de grandes quantités de CO2 dont plus de la moitié reste dans l’atmosphère. On observe une augmentation rapide du taux jusqu’en 1950. La courbe explose alors et grimpe de manière vertigineuse. C’est donc bien la preuve que c’est la combustion des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) par l’homme qui provoque cette augmentation.
Et demain ?
Ce qui inquiète les climatologues, c’est ce qu’on appelle le point de basculement. Au-delà d’un certain seuil (estimé à +1.5°C maximum – et nous sommes déjà à +1°C !), la Terre peut basculer d’un état d’équilibre vers un nouvel état d’équilibre. Il ne s’agit pas seulement de l’équilibre thermique. Un basculement signifie que tout pourrait changer. La fonte des glaces de l’Arctique provoquerait un changement radical du climat dans l’hémisphère Nord. La fonte du permafrost de l’Antarctique est une véritable bombe à retardement, car de grandes quantités de méthane y sont retenues prisonnières dans les glaces. Or, le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2.
Il y a des solutions mais c’est à nous de les mettre en œuvre de manière urgente, afin que la tendance actuelle au réchauffement diminue dans les 15 prochaines années et atteigne un seuil acceptable sous le fatal +1.5°C. Pour cela, il faut ne plus produire que la moitié des gaz à effet de serre produits actuellement à l’horizon 2030 et viser un monde sans carbone à l’horizon 2055. C’est l’objectif du Green Deal européen.
« Le changement arrive, que vous le vouliez ou non » disait aussi Greta Thunberg dans son discours à l’ONU en 2019. Pour Laurent Houssiau, la vision pessimiste est celle où l’on ne fait rien, ce qui aura pour conséquence que bientôt, notre planète aura trop changé et ne sera plus habitable. La vision optimiste est celle où nous sommes acteurs du changement. Cela signifie que dès à présent, nous devons modifier radicalement notre manière de produire et consommer de l’énergie.
Aujourd’hui, l’UNamur continue d’avancer en plaçant le développement durable au cœur de sa politique rectorale et en soutenant également les initiatives éco-responsables diverses menées par les membres de sa communauté. L’enjeu est d’obtenir des répercussions concrètes, changer nos manières d’agir et instaurer progressivement une autre culture ainsi qu’une autre vision du développement. Plus d’infos sur les pages "développement durable" de l'UNamur.
Pour voir la capsule vidéo de Laurent Houssiau, c’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=-uToq16idz0
Sur le même sujet : Conférence - Jean-Pascal van Ypersele - Changements Climatiques : pourquoi il y a encore de l'espoir ! https://www.youtube.com/watch?v=k4cGphGTeWU
Contact :
Laurent Houssiau
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