Suzanne Loret, responsable de la biosécurité
Depuis sa création début mars, le laboratoire SANA a fait l’objet d’une véritable solidarité en interne, et s’est étoffé pour compter aujourd’hui près de 165 membres du personnel : des chercheurs, des logisticiens, des techniciens et des volontaires. L’occasion de mettre à l’honneur les membres de cette équipe qui œuvrent toutes et tous, à leur échelle, au dépistage massif et systématique du COVID-19. Portrait de Suzanne Loret. Au sein de SANA, elle est responsable de la gestion de la biosécurité.
Actuellement responsable institutionnelle de la biosécurité, son parcours personnel a commencé par la réalisation d’une thèse en biologie. Son expérience d'une vingtaine d'années en tant que chercheuse, en Belgique et à l’étranger, est valorisée quotidiennement dans la gestion des dossiers d'utilisation confinée et des formations en biosécurité pour le Service de Prévention de l’UNamur (SerP).
Quelles ont été les actions à mettre en place à la création de SANA ?
Des procédures de biosécurité étaient déjà d’application dans les laboratoires de l’UNamur. Il a fallu les adapter au contexte spécifique du fonctionnement du laboratoire de diagnostic SANA. Le CESI a effectué un audit, a validé les procédures de sécurité et a souligné la bonne organisation générale. Puis ces procédures ont été améliorées au fur et à mesure du fonctionnement du laboratoire.
Que fait un responsable de la gestion en biosécurité ?
Mon rôle peut être défini en deux axes principaux. Premièrement, la protection des personnes. Au labo SANA, le travail est réparti en plusieurs postes. Réception et déconditionnement des échantillons, suivi de leur neutralisation et des phases de préparation du matériel analysé par PCR dans les laboratoires de biologie moléculaire du réseau SANA (URBM, URBC, URBE et URBV). Un poste particulier parmi les postes au labo URVI est à haut risque : celui de la réception et du déconditionnement des échantillons. Il arrive qu’il y ait des problèmes. La plus grande prudence est donc de mise en permanence. Dans cette tâche, je suis épaulée par trois personnes : Wiebke Jansen (Vété), Marine Lacritick (Chimie) et Émeline Lawarée (Bio), toutes les trois habilitées à travailler en L3, c’est-à-dire compétentes en biosécurité niveau 3(*).
Mon deuxième rôle est la protection de l’environnement. Ce virus se propage très facilement. Nous pratiquons donc le principe de la double décontamination. Tous les déchets sont traités en autoclave (stérilisés à 121°C pendant 20 minutes) puis ils sont incinérés. Il n’y a donc pas de risque d’infection ni de risque de rejet accidentel dans l’environnement, ce à quoi les autorités de l’UNamur étaient très attentives à la création de SANA. J’aime donc à me dire que je suis devenue Madame Poubelle ! Il faut savoir que ce rôle comprend aussi le traitement des surfaces. Pour leur propre protection, le personnel ISS n’est plus autorisé à nettoyer le labo : ce sont les acteurs de SANA qui s’en chargent à tour de rôle, en respectant scrupuleusement la procédure.
Ensuite, il y a les réunions les lundis, mercredis et vendredis, organisées par Benoît Muylkens avec tous les responsables de postes. On y discute l’amélioration de la sécurité et du flux de travail. Nous avons jusqu’à présent traité plus de 5.000 échantillons. Ce n’est pas la capacité maximale qui aurait pu être atteinte à cette date, mais les obstacles administratifs ont été nombreux. Il n’est pas facile d’obtenir les habilitations pour effectuer des tests pour l’extérieur. Mais grâce au soutien du conseil rectoral, particulièrement de Patrick De Coster, et à la contribution très dynamique d’Anne-Sophie Otto, certaines procédures ont pu être accélérées.
Une 7e édition de la formation CEFOSCIM en biosécurité est prévue en septembre prochain. Quelques explications à ce sujet ?
C’est une formation en 5 jours que nous organisons depuis quelques années. Nous espérons la maintenir si les conditions de déconfinement nous le permettent. Pour y participer, le prérequis est une formation supérieure de minimum 3 ans en sciences de la vie ou en chimie. Outre le personnel devant travailler dans des laboratoires, elle peut aussi intéresser les conseillers en prévention. En cas de réussite de toutes les épreuves d’évaluation quotidiennes, un certificat de formation continuée est délivré. Actuellement, il y a une dizaine d’inscrits.
Plus d’infos : https://www.cefoscim.be/biosecurite
Quel message voulez-vous délivrer aux membres du personnel ? Chercheurs ? Étudiants ?
Je suis très heureuse de contribuer au projet SANA et à la biosécurité en général sur le campus. J’espère que le projet pourra servir d’exemple pilote pour prouver qu’on peut travailler sans se contaminer les uns les autres, dans le respect scrupuleux de la distanciation sociale, du port de masques, de gants et des procédures mises en place. La recherche est l’une de nos activités essentielles. Il est primordial de remettre en route dès que possible les activités au sein des laboratoires, pour les chercheurs et aussi les thésards. Je serais heureuse de partager mon expérience et d’établir une liste de solutions pour la reprise des activités au déconfinement. En attendant, prudence et patience…
(*) Biosécurité niveau 3 (L3) - La sécurité (des personnes, des lieux et de l’environnement) à mettre en place lorsqu’on manipule des organismes hautement pathogènes (type Brucella, SIDA, Coronavirus…), génétiquement modifiés ou non. Un exemple à l’UNamur est la plateforme BL3 (https://platforms.unamur.be/bl3-lab)