Décanat de la Faculté de droit : interview de Marc Nihoul
« La première qualité d’un Doyen, c’est d’être à l’écoute ». C'est l'une des déclarations faites par Marc Nihoul, réélu à la tête de la Faculté de droit pour quatre années. Dans cette interview, il dresse le bilan du mandat écoulé. Il expose aussi les projets à venir, qui tournent autour de trois mots-clés : la convivialité, le déploiement et l’ancrage.
Quel regard portez-vous sur votre précédent décanat ?
« Quand je suis arrivé à la tête de la Faculté de droit, il y a quatre ans, j’avais une idée bien précise de ce que je souhaitais développer et j’ai voulu d’emblée élaborer concrètement ce projet avec tous les membres de ma faculté. Il fallait que tout le monde s’y retrouve. Nous avons donc mis en place une série de mesures tournant autour de trois valeurs essentielles que sont la convivialité, le déploiement et l’ancrage. Elles sont nos racines et nos ailes »
Concrètement, qu’est-ce qui a été réalisé au travers de ce que vous appelez la « convivialité » ?
« La convivialité, c’est l’esprit dans lequel je travaille. Au sein de la Faculté de droit, tout le monde porte une part de notre projet commun. Cela touche aussi au bien-être. Cette question est impérative. La convivialité augmente le bien-être mais ce n’est pas suffisant. Ainsi, je voudrais que l’on se disperse moins. Je crois que nous devons être partout où notre spécialisation le demande. Il faut donc faire des choix. Je n’enverrai, par exemple, plus d’académiques dans des commissions qui ne sont pas en lien avec nos niches d’excellence que sont le numérique et la vulnérabilité. La convivialité passe enfin par le recrutement de nouveaux académiques, sur base de leurs compétences bien sûr, mais aussi par rapport à l’esprit de la faculté, à savoir : l’humanité, la proximité, le souci de l’étudiant, bref la cura personalis »
Par « ancrage » qu’entendez-vous ?
« Cela renvoie au renforcement qui s’est opéré au sein des pédagogies proposées en Bachelier. On mène beaucoup d’expériences, de classes inversées par exemple. Nous voulons aussi fortement intéresser nos étudiants par rapport à nos niches d’excellence. Ainsi, nous avons lancé deux nouvelles options, « droit et numérique » et « vulnérabilité et société ». Nous avons la volonté d’ouvrir ces cours aux étudiants des autres facultés. Enfin, le mot « ancrage » renvoie aussi au vaste réseau d’anciens sur lequel nous pouvons nous appuyer et dont nous sommes fiers. Depuis l’anniversaire des 50 ans de la Faculté de droit, nous avons quadruplé le nombre d’anciens réguliers »
Comment souhaitez-vous déployer votre faculté ?
« Le projet principal est celui, très important, de création d’un Master en droit. S’il voit le jour, il pourrait se faire en collaboration avec un ou des partenaire(s) fort(s). Nous diplômons chaque année entre 120 et 140 étudiants en Bloc 3. Les arguments en faveur de la création d’un Master sont de plusieurs ordres. Nous avons, tout d’abord, des spécificités fortes en matière de recherche, qui pourraient alimenter le programme de cours. Il s’agit ensuite de l’intérêt propre des étudiants. Aujourd’hui, nos étudiants de Bloc 3 qui partent faire leur Master ailleurs passent d’un auditoire de 200 personnes permettant une pédagogie individualisée à de gros auditoires où sont dispensés des cours magistraux plus impersonnels.
Quel message souhaitez-vous faire passer à vos étudiants et aux membres de votre faculté ?
« A tous, je voudrais leur dire ceci : engagez-vous ! Quand on voit ce qui se passe actuellement dans notre société, nous devons tous comprendre qu’il est de notre responsabilité, quel que soient notre rôle et notre fonction, de faire changer les choses. Aux étudiants, je leur conseillerais plus particulièrement de prendre du plaisir à étudier, et de prendre du plaisir à être ensemble. Les années d’étude sont riches en rencontres. Plusieurs de ces rencontres vont durer toute la vie… Il faut être interactif et collectif. Cela suppose de la solidarité et de la confiance »
Un conseil à vos confrères nouvellement élus doyens de faculté ?
« Un conseil que j’essaie d’appliquer à moi-même chaque jour : être dans le dialogue. La première qualité d’un doyen, c’est d’être à l’écoute ! »
Bio express
Marc Nihoul est né en 1968 à Bruxelles. Licencié en droit de l'UCL, il est le premier docteur en sciences juridiques diplômé par la Faculté de droit de Namur en 2000 où il enseigne depuis 2001. Son activité professionnelle est mise au service du citoyen à travers le droit public, administratif et constitutionnel. Il est par ailleurs certifié coach depuis 2015.