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L’UNamur s’engage et se mobilise aux côtés de ses étudiants, pour mener des actions en faveur du climat. Chaque jeudi, découvrez nos rendez-vous autour du climat.

Aujourd’hui : petite plongée dans l’histoire du climat, avec Isabelle Parmentier, professeur d’histoire à l’UNamur et Vice-rectrice en charge de Développement durable. Si aujourd’hui les perspectives climatiques sont sous les feux des projecteurs, il est aussi nécessaire et intéressant pour mieux les comprendre et les anticiper, de se pencher sur le passé. A l’UNamur, Isabelle Parmentier enseigne le cours de Questions d'histoire des Temps Modernes aux étudiants du bachelier en histoire. Un chapitre est entièrement dédicacé aux questions d’histoire climatique. Elle répond à nos questions.

Quelles sont les grandes étapes historiques du climat ?

Comme l’explique bien E. Le Roy Ladurie, historien du climat, des périodes douces ont alterné avec des périodes fraîches, c’est-à-dire que des optima climatiques ont succédé à de petits âges glaciaires, et inversement. On note ainsi un optimum climatique à l’époque romaine (d’environ 200 ACN à 200 PCN). Il a peut-être stimulé l’économie dynamique de ces deux périodes, républicaine et impériale, en Italie du Nord, sinon du Centre, et en Gaule. Enfin, après une série de poussées glaciaires alpines au temps des grandes invasions et des Mérovingiens, voire au début des Carolingiens, on obtient le petit optimum médiéval, entre 900 et 1300 de notre ère. Là aussi avec des hauts et des bas, mais, dans l’ensemble, on peut imaginer quelques dixièmes de degré en plus. Le petit âge glaciaire commence aux alentours de 1300. Il se traduit par une série d’hivers rudes et très neigeux ; par des étés souvent pourris. Un pic de froid s’observe au début du 17e siècle dans nos régions. Les glaciers européens avancent. Il faut attendre la seconde moitié du 19e siècle pour qu’un changement s’opère. A partir de 1900-1910, le réchauffement climatique se manifeste. D’abord discrètement, ensuite plus nettement pendant la période 1929-1950. La décennie 1991-2000 est la plus chaude du 20e siècle.

Comment fait-on un cours de l'histoire du climat ?

Certainement en partant de l’actualité et en faisant de l’histoire « à reculons ». En insistant aussi sur l’historiographie, c’est-à-dire en soulignant la manière dont les historiens se sont emparés de cet objet. Lorsque les pionniers de l’histoire du climat ont commencé à écrire, ils pensaient avoir révolutionné les territoires de l’historien. Leur programme était le suivant, pour reprendre une expression de 1959 : « L’histoire sans les hommes : le climat ». On a parcouru du chemin depuis lors… Quel bel exemple d’évolution des savoirs et des mentalités ! Il est aussi intéressant de mettre en évidence les sources documentaires qu’il faut mobiliser pour étudier le climat d’autrefois, surtout à des époques où l’on ne disposait pas d’instrument de mesure : des données indirectes fournies par les relevés des dates de vendange ou de moisson et les anomalies climatiques. Les sciences naturelles sont essentielles pour venir combler les lacunes archivistiques : le carottage glaciaire ou marin permet l’analyse des gaz et l’étude des substrats et des sédiments renseigne également sur l’évolution du climat.

En quoi l'histoire du climat est importante pour comprendre la situation climatique actuelle et de demain ?

Les questions et les urgences actuelles ne peuvent se comprendre qu’avec un regard rétrospectif, une prise en compte de l’évolution de la température moyenne sur plusieurs siècles, une observation minutieuse des événements extrêmes, des phénomènes naturels (comme les éruptions volcaniques) et des actions de l’homme dans l’ère industrielle. Mais l’approche historique n’est pas utile uniquement à la compréhension du phénomène en tant que tel. Elle est aussi nécessaire à la compréhension des réactions de la société, hier et aujourd’hui, ce qui nous amène à nous interroger lorsqu’il faut décider de l’avenir. Regardez les liens assez systématiques que l’on peut observer entre populisme et climato-scepticisme, de Trump aux USA à Bolsonaro au Brésil…

Envie d’en savoir plus ?

Isabelle Parmentier abordera les questions d’histoire climatique dans son cours Questions d'histoire des Temps Modernes, les 7 et 14 mai. A cette occasion, le cours sera exceptionnellement ouvert à tous ! Il se donne de 14h à 16h au local L21 (Faculté de philosophie et lettres).

Contact : Isabelle Parmentier - vice-recteur.dd@unamur.be