Maladie de Schmallenberg: les vétérinaires de l’UNamur décryptent les conditions d’émergence de ce virus
Depuis 2012, le laboratoire du Département vétérinaire de l’UNamur travaille sur les conditions d’apparition du virus de la maladie de Schmallenberg, un virus qui impacte la santé et la reproduction des ruminants européens de manière conséquente. Il présente la particularité d'être transmis par des insectes piqueurs, des moucherons hématophages appartenant au genre Culicoides. L’équipe du professeur Benoît Muylkens s’est penchée sur les virus de Shamonda et de Sathuperi qui ressemblent très fortement à celui de Schmallenberg. Et le résultat de leur recherche vient d’être publié dans "Emerging Microbes and Infection", un journal de référence dans le domaine des maladies infectieuses émergentes.
« Les virus de Schamonda et de Sathuperi circulent de manière simultanée dans différentes populations animales en Afrique Subsaharienne où plus de 1500 animaux (ruminants et équidés) ont été analysés dans le bassin du fleuve Niger. De nombreux animaux présentent une signature immunitaire (des anticorps neutralisants) montrant qu'ils ont rencontré les deux virus », explique le professeur Benoît Muylkens. Les chercheurs de l’UNamur ont alors émis l’hypothèse que cette région du globe représentait un berceau favorable à l'apparition du virus de Schmallenberg par le phénomène de réassortiment viral. C’est-à-dire par le croisement des deux virus infectant un même animal.
Afin de vérifier cette hypothèse, les chercheurs de l’UNamur ont forcé le croisement entre les virus de Schamonda et de Sathuperi en infectant de manière simultanée des cellules d’insectes et de mammifères. Dans ces conditions de « mariage forcé », plusieurs nouveaux virus sont apparus. Parmi ceux-ci, les scientifiques ont isolé celui de Schmallenberg. « Nous avons alors imité la pression de sélection qui s'applique dans la nature lorsque plusieurs virus transitent du ruminant vers l’insecte piqueur ou de l’insecte vers le ruminant. Cette expérience a montré qu’un virus bien particulier est capable de prendre le dessus sur d’autres virus. Il s’agit, dans la nature, du virus de Schmallenberg » détaille Benoît Muylkens. Un virus qui, pour rappel, est apparu et s’est imposé depuis 2012 en Europe. « Chez le ruminant, il s’agit de la deuxième infection virale qui jusqu’il y a peu était confinée aux région du Sud. Mais dans le contexte du réchauffement climatique, celle-ci a trouvé une nouvelle niche à coloniser, dans nos régions » ajoute encore Benoît Muylkens.
Cette découverte illustre donc l'intérêt évolutif du mélange des gènes créés par réassortiment viral (mariage de virus) dans cette famille de virus transitant par différents types d'hôtes. Plus globalement, cette recherche permet de mieux comprendre les mécanismes d’émergences de nouvelles infections virales dans la nature et plus particulièrement de celle de Schmallenberg.
Le
premier auteur de cette publication est Damien Coupeau, logisticien de
recherche du Département vétérinaire de l’UNamur, et spécialiste de la
virologie moléculaire. Plusieurs étudiants mémorants (Master en biologie et
master vétérinaire) ont également participé à cette recherche en contribuant à
l'acquisition des données expérimentales supportant les conclusions.
Cette recherche a par ailleurs été rendue possible grâce à une étroite
collaboration entre l’équipe du professeur Muylkens et celle du professeur
Daniel Desmecht (ULiège).
Découvrez l’article publié dans « Emerging Microbes and Infection »