L’élevage de poissons européens, un enjeu commercial
Plus d’un poisson sur deux consommé dans le monde n’a pas été pêché, mais élevé. Le marché de la pisciculture a en effet explosé ces dernières années, notamment en Asie, le principal exportateur. Diversifier les espèces qui pourraient être produites en Europe afin d’augmenter le commerce entre États-membres est le but du projet européen « Diversify ». Cette étude a été coordonnée pendant 4 ans par l’Institut grec de biologie marine, biotechnologie et aquaculture. En collaboration avec 11 autres pays européens, dont la Belgique. L’UNamur et son partenaire privé, l’entreprise flamande « Fish 2 BE », y ont participé en étudiant particulièrement le sandre.
Le constat est là : le poisson que l’on retrouve dans notre assiette provient surtout de marchés extra-européens. De plus, nous consommons beaucoup d'espèces différentes. Alors que très peu sont élevées sur le continent.L’UE a ainsi chargé les scientifiques du projet « Diversify » d’étudier les nouvelles espèces de poissons qui pourraient être produites pour l’aquaculture européenne.
Le projet s’est concentré sur 6 types, principalement des poissons marins, carnivores, et méditerranéens. Ils ont été sélectionnés sur base de leur potentiel d’élevage, et de l’intérêt du consommateur. « Le projet visait à améliorer les connaissances biologiques de ces poissons afin de mettre en place les bases de l’élevage. Et à maitriser les aspects techniques de la production » explique Patrick Kestemont de l’Institut ILEE (Institute of Life-Earth-Environment), coordinateur du projet pour l’UNamur.
Le sandre, un carnassier stressé
Le cycle de production n’est en effet pas toujours maitrisé, le problème se situant parfois au niveau de la reproduction du poisson. « On sait par exemple se faire reproduire des anguilles adultes en captivité, mais on ne parvient pas encore à faire survivre les larves. On dépend donc encore des océans pour la consommation de ce poisson, alors même qu’il est en déclin et tend à disparaitre » déplore le biologiste.
L'équipe de l'UNamur s’est surtout intéressée au sandre. Un poisson d’eau douce, carnassier, capable d’être élevé en captivité, mais qui pose encore aux scientifiques quelques difficultés. « La mortalité des stades larvaires est élevée car ils se mangent entre-eux. De plus, la nutrition pose problème, ce qui cause chez le poisson des carences et des malformations. Enfin, l’espèce est très sensible au stress, qui a un impact sur son système immunitaire » énumère le Pr. Kestemont.
Nourrir et loger la sandre de façon optimale
Les chercheurs de l’UNamur ont notamment défini de meilleures conditions d’élevage pour diminuer le niveau de stress des poissons. « En milieu naturel, cette espèce vit généralement dans des eaux troubles et chasse au crépuscule. La lumière vive l’aveugle. Nous avons donc décidé d’exposer les bassins à une lumière rouge, à faible intensité lumineuse; avec de bons résultats ».
Les scientifiques ont aussi cherché des solutions concernant la nutrition :« Pour le moment on nourrit les sandres avec les mêmes aliments que l’on donne aux barres ou aux dorades. Les poissons ne sont toutefois pas interchangeables ! Chaque espèce à ses propres besoins. Nous avons dès lors conçu un aliment "diversify", adaptés aux sandres ».
Les résultats sont pour le moment encourageants. « Mais nous souhaitons aujourd’hui mener davantage de tests pour valider l’aliment, et à terme déposer un brevet » conclut le Pr. Kestemont
Contact :
Patrick KESTEMONT
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+32 (0)81 72 43 63
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patrick.kestemont@unamur.be
Plus d'info :
https://www.unamur.be/recherche/actus/diversify