Une recherche unique contre une bactérie résistante aux antibiotiques
De 30 à 70% des patients admis aux soins intensifs et infectés par une dangereuse bactérie, Acinetobacter baumannii, risquent de décéder des suites d’une infection grave. En 2017, l’Organisation Mondiale de la Santé l’a placée tout en haut de la liste des agents pathogènes critiques à combattre absolument. Un infectiologue de l’UNamur, Charles Van der Henst, vient de recevoir une prestigieuse bourse européenne « Marie Sklodowska-Curie » afin de mener une recherche sur son fonctionnement. Objectif : mieux la comprendre afin de mieux la combattre.
Pallier l’inefficacité des antibiotiques
L’objectif de la recherche entamée en ce début 2018 est de mieux comprendre comment cette bactérie infecte l’homme et comment elle se manifeste, afin de développer à terme des mécanismes permettant de la contrer. « Depuis plusieurs années, je m’intéresse aux interactions entre les bactéries et leurs hôtes », explique Charles Van der Henst, qui vient de rejoindre le nouveau Pôle de recherche en infectiologie de NARILIS (Namur Research Institute for Life Sciences), « la gravité de cette bactérie est un sujet qui nous concerne tous, il faut améliorer la connaissance scientifique sur son fonctionnement ». Reste que le cas des bactéries pathogènes n’est pas aisé à résoudre, d’autant que les antibiotiques actuels ne font plus preuve d’une très grande efficacité. « C’est un problème majeur mondial : on ne parvient plus aujourd’hui à mettre sur le marché de nouveaux antibiotiques qui puissent combattre les bactéries qui deviennent de plus en plus résistantes. C’est très grave », estime le chercheur. Les recherches menées pour développer de nouveaux produits peuvent par ailleurs prendre plusieurs décennies avant d’aboutir à une éventuelle commercialisation.
Rendre la bactérie inoffensive
Comment faire alors pour éradiquer Acinetobacter baumannii ? En la rendant non pathogène, et non en l’éliminant. C’est en tout cas l’hypothèse de Charles Van der Henst : « Quand on entend parler de bactérie, on imagine quelque chose de négatif. Pourtant, dans leur grande majorité, les bactéries ne sont pas nocives pour l’homme. Elles sont mêmes bénéfiques. C’est important de le rappeler ». Pour la rendre inoffensive, le chercheur va tester plusieurs composés chimiques pour voir comment elle interagit avec des modèles cellulaires. Pour cela, il va pouvoir s’appuyer sur l’expertise de NAMEDIC (Namur MEdecine & Drug Innovation center) et des laboratoires réputés tels que l’URBM (Unité de recherche en biologie des micro-organismes) et l’URBE (Unité de recherche en biologie environnementale et évolutive), trois entités de l’Institut de recherche NARILIS : « J’ai beaucoup de chance que des experts comme Xavier De Bolle à l’URBM et Karine Van Doninck à l’URBE me fassent confiance et me permettent de développer mes recherches au sein de leurs laboratoires ».
Une recherche multidisciplinaire
Ce projet s’inscrit par ailleurs dans le cadre d’une collaboration entre le Pôle de recherche en infectiologie de NARILIS et le CHU UCL Namur - site Godinne. Ce dernier, centre de référence belge d’Acinetobacter baumannii, dispose de multiples souches de la bactérie, une ressource très utile pour mener à bien le projet. Cette recherche, qui a fait l’objet d’un financement de près de 172.000 euros grâce à la bourse « Marie Sklodowska-Curie », est prévue pour une durée de deux ans. « Le fait que l’institution d’accueil représente un des critères majeurs pour l’obtention de cette bourse très compétitive confirme que l’UNamur est considérée comme une université de haut rang sur la scène internationale », précise Charles Van der Henst.
Référence H2020-MSCA-IF project: ACtIVAtE -GA n°748032.
Contact : Charles Van der Henst - 081/72.43.71