Des molécules omniprésentes et nuisibles
Le parfum d'une rose,
un feu de bois, l'odeur du cuir, les gaz d'échappement d'une voiture, la
peinture qui recouvre les murs d'une habitation, les meubles, les
huiles essentielles qui sont tellement à la mode… Les composés
organiques volatils sont partout, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Ils se déclinent en trois familles, détaille le Pr Bao Lian Su : les
hydrocarbures à base de carbone et d'hydrogène (benzène, toluène,
hexène…); les composés organiques oxygénés (formaldéhyde, acide
acétique…) ou encore les hydrocarbures chlorés.
D'un COV à l'autre, le danger varie selon la molécule concernée et sa concentration, ajoute Tarek Barakat, docteur en chimie, qui l'assiste dans ses recherches. "Certains sont cancérigènes, d'autres peuvent poser des maladies respiratoires comme l'asthme ou même passer dans le flux sanguin. Ils se déposent sur les sols, contaminent l'eau et sont absorbés par les plantes et les animaux." Un danger encore amplifié par "l'effet cocktail" qui résulte de la combinaison incontrôlée de ces molécules entre elles.
Le moment où l'on est exposé à ces substances joue également un rôle, complète Bao Lian Su.
"Le corps des adultes développe une certaine résistance, mais cela
présente un danger pour les fœtus dont les cellules n'ont pas encore
cette capacité."
En outre, les produits chlorés sont problématiques pour l'environnement,
ils peuvent influer sur le climat ou détruire la couche d'ozone. Autant
de bonnes raisons de chercher à réduire notre exposition.
Seek and destroy
Depuis
une quinzaine d'années, le scientifique namurois et son équipe
travaillent à la mise au point d'un procédé qui doit permettre de capter
et de détruire ces indésirables COV.
Une mission de longue haleine menée en partenariat avec des chercheurs
de plusieurs universités partenaires, belges et françaises, dans le
cadre du programme européen Interreg France-Wallonie-Vlaanderen.
Baptisée "DepollutAir",
la troisième phase de ces recherches a débuté l'an dernier. Une phase
qui vise à mettre au point, d'ici quatre ans, des outils de traitement
de ces polluants à destination des industries.
Au cours de ces années de recherches, les acteurs impliqués ont développé différentes méthodes qui permettent de capter ces composés organiques volatils en grande quantité et de les détruire. "Chacune de ces technologies a des avantages et des inconvénients. Mais utilisée seule, aucune ne permet d'éliminer les COV de façon suffisamment efficace. Et nous devons aussi veiller à ne pas créer de molécules résiduelles encore plus dangereuses", explique le Pr Bao Lian Su.
L'idée est donc de les combiner en un seul matériau multifonctionnel qui capte ces polluants par adsorption et les détruit grâce à ses propriétés catalytiques ou photocatalytiques. Ce qui, en schématisant, revient à les brûler. Ce matériau sera adapté selon les besoins et les particularités des industriels, précise-t-il.
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