L’UNamur rayonne à Moscou
Jeter un pont entre les historiens et les économistes du développement et réintroduire davantage l’histoire dans la formation en économie du développement. Telle était l’ambition du Centre for Research in Economic Development (CRED) de l’Université de Namur et du Centre for the Study of Diversity and Social Interactions (CSDSI) de la New Economic School de Moscou en co-organisant une conférence en Russie en octobre dernier.
« J’ai toujours eu envie de faire réfléchir ma profession, c’est-à-dire les économistes du développement, sur le rôle de l’histoire », explique Jean-Philippe Platteau, organisateur scientifique.
Quelle place pour la connaissance de l’histoire dans le développement économique ?
L’objectif de la conférence n’était pas seulement de s’interroger sur la manière dont le passé d’un pays influence ses opportunités actuelles en termes de croissance et de développement. Il s’agissait aussi d’étudier, à travers les contributions récentes de chercheurs en histoire économique, comment les expériences de pays économiquement développés peuvent fournir des leçons aux pays en voie de développement, et de montrer pourquoi il est important que l’histoire soit inscrite de manière plus poussée dans le cursus des économistes d’aujourd’hui. Si le processus de développement n’est pas le même partout, il y a en effet des constantes sur lesquelles les économistes peuvent se baser, mais qui nécessitent de remonter dans la profondeur historique de chaque pays.
Le changement de nos sociétés remis en question
Pour la première fois, les chercheurs de pointe en histoire économique rencontraient des généralistes économiques et des généralistes du développement. Une question centrale se posait : Pourquoi certaines sociétés ne parviennent pas à engager des réformes institutionnelles pour faire face aux défis économiques de leur temps, alors que d’autres, plus ouvertes au changement, y parviennent ? Quel est le rôle de la culture dans cette différence ? Des contributions très variées ont tenté d’apporter des éléments de réponse à ces questions. Elles portaient notamment sur la comparaison des bases sociales du développement en Europe et en Chine, l’influence du Moyen-Age sur les développements ultérieurs, les effets de l’inquisition espagnole sur le développement de l’Espagne, les effets de la colonisation russe au Kazakhstan, les effets de la colonisation occidentale sur le conflit au Sri Lanka, le rôle de la religion dans le développement, etc.
La Russie, terre d’histoire
La Russie, en raison de sa forte sensibilité à la conscience de l’histoire paraissait l’endroit idéal pour cet événement. Il a d’ailleurs attiré quelque 750 chercheurs et étudiants en histoire et en économie venus des universités des quatre coins du monde. Le CRED était représenté par Jean-Marie Baland, Catherine Guirkinger, Guilhem Cassan et Jean-Philippe Platteau, organisateur scientifique de cet événement.
Un impact mondial
Le « Journal of Development Economics », classé premier journal mondial pour l’économie du développement, s’est engagé à publier un numéro spécial à partir des meilleurs papiers présentés à la conférence pour offrir un rayonnement mondial à ces recherches.
Via le CRED, l’UNamur collabore depuis longtemps déjà avec la New Economic School de Moscou, notamment dans le cadre d’écoles doctorales. Une relation qu’elle entend bien poursuivre dans les années à venir.
Contact :
Jean-Philippe Platteau
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jean-philippe.platteau@unamur.be
Plus d'info :
http://conference.nes.ru/eng