L’eau, tout en poésie
C’est autour du thème de l’eau que se sont réunis, durant 3 soirées, 8 étudiants de mathématique et de romanes, toutes années confondues. Leur objectif: exprimer toute pensée ou sensation par rapport à l’eau. Un atelier d’écriture? Oui, mais pas seulement!
«L’objectif était de rassembler, à l’occasion du Printemps des Sciences et des Poètes, des étudiants scientifiques et littéraires autour d’une création commune», explique Renaud Lambiotte, professeur au Département de mathématique et co-organisateur de cet atelier, avec Les Midis de la Poésie de Bruxelles et la Maison de la Poésie de Namur. «Cette exploration de l’eau a permis aux littéraires de poser un regard nouveau sur les sciences et aux scientifiques de découvrir la poésie qui se cache derrière l’eau».
Guidés et encadrés par une animatrice du réseau des animateurs d’ateliers d’écriture Kalame, les jeunes auteurs ont laissé glisser leurs plumes dans un esprit d’ouverture, de création, de partage et de rencontre.
«Il faut encourager ce genre d’événements!» souligne Mathilde de Jamblinne, étudiante en romanes. «C’est agréable de sortir du contexte académique et de laisser libre cours à notre imagination. Si l’expression écrite était à l’honneur, l’orale aussi puisque nous avons présenté nos réalisations devant le groupe. Exercice qui renforce la confiance en soi!».
Tous espèrent réitérer l’événement avec un nouveau thème l’année prochaine et lire, un jour peut-être, en se promenant chez un bouquiniste, des noms d’étudiants sur les couvertures…
Une initiative de l'UNamur qui participe à la dynamique "Namur, ville en poésie".
Mathilde de Jamblinne a accepté de partager ses 3 créations :
1. Ils étaient trois, trois prisonniers dans leur bulle en verre. Les uns sur les autres, certes, mais voués à la plus belle mort. Leur crime ? Nul ne le sut jamais... Toujours est-il qu'ils étaient là, empilés comme les cubes d'un enfant, destinés à finir enlacés par une pétillante demoiselle dont la transparence ne les laissait pas de marbre. Sous l'œil du citron, vert de ne subir ce sort et dont le supplice serait autrement plus mordant, ils dépérirent ensemble, comme ils étaient nés dans une barquette de plastique. Ils étaient trois, trois petits glaçons…
2. ''J'ai bu la tasse… Je la sens courir, le long de mon corps inerte, dépossédé et vivant, je la vois jaillir, l'espace, l'idée d'un moment. Plus beau, meilleur, ailleurs mais ici, l'eau coule, l'eau remonte, l'eau bout. Dans mon café, aromatisée au jasmin, parfumée au lilas, je m'allonge, je m’éteins. Déconnexion... Sur ma tête, elle rebondit, dans ma tête, plus de "on dit". Je le regarde, l'horizon, l'infini, je l'entends le bruit du vent, je la sens la douceur du temps, la tendresse de l'instant. Par flots, torrents, océans, les mots se déversent, mon esprit renait, la mort ne m'aura jamais. Je suis, je serai, la force et l'espoir, la beauté et le courage, la jeunesse et l'amour, plus loin, là-bas, maintenant. J'ai bu la tasse...''
3. Des gouttes sur le carreau, le poète. Le poète ? L’homme a la plume… Oui. Des gouttes dégoulinent sur le carreau. Dehors, la pluie. D’accord, vous avez compris ! Dedans, l’homme. Sa fenêtre, sinon, l’enfermement… Il regarde, il pense, il écrit… Il essaie. La pluie est bleue, c’est comme ça que les enfants la dessinent. L’homme a deux bras et deux jambes et des cheveux en l’air. Sans la fenêtre, la pluie ne verrait pas l’homme.
Contact :
Renaud Lambiotte
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renaud.lambiotte@fundp.ac.be