Didier Reynders, ambassadeur d’une Europe fédérale

Invité par l’Assemblée Générale des Étudiants de Namur à s’exprimer sur le thème de l’Europe, le Vice Premier s’est fendu, devant plus de 400 étudiants, d’un véritable plaidoyer pour une Europe fédérale forte.

Certains parlent d’un abandon de souveraineté, mais a-t-on, par exemple, abandonné notre souveraineté en créant l’euro? s’interroge Didier Reynders. En Belgique, avant la création de la monnaie unique, le franc belge était lié au deutschemark. Les décisions se prenaient alors, à Francfort, par les Allemands uniquement. Avec l’euro, les décisions se prennent toujours dans cette ville, mais avec des représentants des pays membres de la zone euro.

Aujourd’hui, soit on recule, soit on avance en créant une véritable fédération. Le Vice premier plaide pour un renforcement du Parlement européen et la création d'une politique budgétaire, d'une diplomatie, d'une défense… communes. En matière de diplomatie, par exemple, les Européens n’ont aucun poids quand ils sont divisés. Paul-Henri Spaak a dit un jour « Tous les pays européens sont petits mais il y a deux catégories : ceux qui le savent et ceux qui ne le savent pas encore ». Aucun pays isolé ne fait le poids, d'où la nécessité de renforcer la fédération.

« Le problème, c’est l’Europe » ?

Il est trop facile de dire « Le problème, c’est l’Europe » et de rejeter la responsabilité sur l’Union lorsqu’une décision difficile est prise, déplore Didier Reynders. La Belgique est présente autour de la table et agit. Chaque décision européenne est donc prise en accord avec un membre de notre gouvernement. 

Aujourd’hui, à cause de la crise, on ne voit plus que l’aspect économique. Certains voudraient faire sortir la Grèce de l'Union. Et après ? L'Espagne, puis le Portugal ? Non, il faut aider ces pays tout en s’assurant qu’ils se développent et tentent de rattraper le niveau des autres pays membres. Il ne faut pas oublier que l’Europe, c’est au départ la réconciliation de nations qui ne se connaissaient que par la guerre. Il ne faut pas oublier que de nombreux pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou les pays de l’Est ont instauré un régime démocratique en intégrant l’Union européenne.

Pour Didier Reynders, l’Europe n’est donc pas le problème mais la solution. Il faut faire plus ensemble et définir ce que l’on veut faire ensemble, tout en gardant évidemment des compétences nationales. « On n’abandonne rien, on partage et on construit ensemble ».