L'agroécologie fait son entrée en Europe
Le premier ouvrage en français concernant l’agroécologie et intégrant la dimension sociologique vient de paraître, sous l’impulsion d’un projet de recherches mené par Denise Van Dam (Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion et NaGRIDD). Édité avec la collaboration de Jean Nizet (professeur émérite de l’Université de Namur), Pierre Stassart (Université de Liège) et Michel Streith (CNRS, Université Paris X), le livre alimente la question grâce à l’éclairage interdisciplinaire (économie, droit, agronomie,...) de scientifiques belges, français, québécois et brésilien, qui traitent de réalités recouvrant les cinq continents.
L’agroécologie intègre les pratiques de l’agriculture biologique mais l’élargit à la prise en compte d’autres paramètres, tel que le souci de rapports sociaux équitables et de politiques visant la durabilité sur les plans écologique, économique et social. « L’agroécologie, c’est réintroduire de la biodiversité dans l’agriculture (mixité des systèmes de production, variété des semences, lier les questions de gestion de la nature et celle de la production alimentaire…) » résume Pierre Stassart, sociologue et agronome à l’Université de Liège.
Si le mouvement agroécologique se développe depuis des décennies aux États-Unis et en Amérique latine, il est récent en Europe, et les recherches le concernant relèvent le plus souvent de l’agronomie ou de l’écologie. L’approche de la problématique par les sciences sociales comme le fait cet ouvrage est donc original. « Dans un mouvement qui vise à remettre l’agriculteur au centre de la démarche, qui favorise les circuits courts et les relations entre producteurs et consommateurs, et qui analyse les stratégies de transition possibles, il est clair que la sociologie est toute pertinente. L’analyse sociale permet en outre de relier les différents aspects de l’agroécologie » explique Denise Van Dam.
Le présent ouvrage, Agroécologie, entre pratiques et sciences sociales, publié aux éditions Educagri, tente en effet de dessiner un panorama de l’agroécologie, qui va de la source (les semences paysannes) jusqu’aux consommateurs, en passant par toute les étapes de la production et en accordant une attention à toutes les personnes concernées : acteurs de terrain, pouvoirs publics et associations.
Il propose ainsi des études sur des sujets aussi diversifiés que la gouvernance des groupements d’achats alimentaires, les services écosystémiques, l’agriculture biologique, la certification participative au Brésil, l’agroforesterie, ou encore les semences et la propriété intellectuelle… Dans cette dernière, Caroline Kerr, chercheuse au Centre de Recherche en Informatique, Droit et Société (CRIDS), montre que le cadre légal devrait être adapté afin d’autoriser la mise sur le marché d’autres semences que celles dites « stables et uniformes » garantissant de bonnes productions. Cette réglementation actuelle favorisant davantage le développement du secteur privé des semences que la valorisation des semences traditionnelles et la biodiversité…
En Belgique, les chercheurs en agroécologie se regroupent au sein du Groupe de contact FNRS GIRAF.
Plus d'info :
http://www.fundp.ac.be/recherche/projets/page_view/01164002/